Naissance de Massalia
Massalia est une colonie grecque (Μασσαλία) fondée par des Phocéens vers 600 avant J-C, aujourd’hui dénommée Marseille. Dès le Ve siècle av. J.-C., elle devient, avec la phénicienne Carthage, l’un des principaux ports maritimes de la Méditerranée occidentale. Pendant toute la période hellénistique, elle est une alliée fidèle de Rome. Devenue une cité romaine au début de notre ère, elle prend le nom de Massilia et conserve son rôle de creuset culturel et de port commercial sur les rives du sud de la Gaule, bien que, ayant préféré Pompée à César, elle ait perdu son indépendance et sa suprématie marchande, notamment au profit d’Arelate (Arles). Mais les Romains n’ont jamais entamé son prestige culturel : pour les Romains d’Occident, il était bien plus facile d’y apprendre le grec que d’entreprendre un long et coûteux voyage vers la Méditerranée orientale. Romanisée durant l’Antiquité tardive, christianisée au Ve siècle, diminuée suite aux invasions gothiques, elle retrouve une relative prospérité au VIIe siècle et donne jour à une fondation chrétienne, l’abbaye Saint-Victor de Marseille, appelée à un rôle majeur dans tout le sud-est de la France jusqu’au XIIe siècle
Une sardine bouche le port
En 1779, le vicomte de Barras, officier commandant le régiment français d'infanterie de Marine de Pondichéry qui avait été capturé par les Britanniques l'année précédente, était libéré en vertu d'un accord d'échanges de prisonniers, et rapatrié sur un cartel, navire (probablement un marchand de l'Île de France, actuelle Île Maurice) affrété spécialement pour l'échange de prisonniers et bénéficiant d'un statut protégé selon les lois de la guerre de l'époque. Le bateau sur lequel il embarqua avait pour nom le Sartine, avec un « t » et non un « d ». Le navire portait le nom d'Antoine de Sartine (1729-1801), qui était à ce moment-là le ministre de la Marine de Louis XVI. Après dix mois de navigation, le navire put ainsi arriver au large du Cap Saint-Vincent, la pointe sud-ouest du Portugal se dirigeant dans l'embouchure conduisant au détroit de Gibraltar et à la méditerranée. Le 19 mai 1780, le vaisseau de ligne britannique HMS Romney intercepta le Sartine et, à cause d'un malentendu, ouvrit le feu sur lui, tuant son capitaine et deux hommes d'équipage. La situation clarifiée après que le Romney eut envoyé un canot à bord du Sartine pour en vérifier le statut, ce dernier poursuivit sa route vers Marseille. À l'entrée du port, une erreur de navigation l'envoya sur des rochers et il finit par couler dans le chenal de l'entrée du Vieux-port de Marseille, ce qui en empêcha pendant un certain temps l'accès et la sortie à tout autre navire. D'après les mémoires de Barras, c'est Georges-René Pléville Le Pelley, commandant du port et de la marine de Marseille, qui dégage le port en treuillant à quai la frégateNote 1.
Naissance de Ricard
Tout commence au début du XXème siècle. Autour de 1915, tout alcool titrant plus de 16° était interdit, mais l'habitude des boissons à base d'anis va persister et en 1920, l'État autorise les anisés jusqu'à 30° afin d'éviter le retour des absinthes, interdites en France. Par la suite, tous les bars de Provence se mettront à proposer des boissons anisées et plusieurs marques, patrons de bars et marchands de vins personnaliseront leurs recettes avec de nouveaux arômes tels que le fenouil, la réglisse ou encore l'anis. Dès 1920, Paul Ricard - jeune commercial de 23 ans - est inspiré par l'engouement pour ce type de boisson. Fils d'un négociant en vin, il propose une nouvelle recette avec de l'anis étoilé, de l'anis vert et de la réglisse, le tout avec un slogan fort qu'il lance dans les années 30 : "Ricard, le vrai pastis de Marseille". Ceci marque un vrai tournant pour la boisson, puisqu'elle porte désormais un nom officiel : le pastis, du provençal "patisson" et de l'italien "pasticchio" (mots voulant dire "mélange). Avec la commercialisation de cette nouvelle boisson, c'est la première fois que le terme "pastis" apparait sur l'étiquette d'un apéritif anisé. Ainsi le pastis est né et ne manque pas de connaitre un grand succès. À la fin des années 30, le pastis est le premier apéritif de France.
Captiale de la culture
« Longtemps, Marseille s’est couché de bonne heure », pourrait-on dire en paraphrasant la première phrase de Marcel Proust dans Du côté de chez Swann. En effet, contrairement à sa réputation de ville festive, la cité phocéenne n’a pas développé de vie nocturne. Hormis le week-end, les Marseillais se couchent tôt. A l’image du métro qui, jusqu’en avril 2013, s’arrêtait à 22 h 30 en semaine, les rues et places de la deuxième ville de France sont désertes après cette heure. Du moins jusqu’à l’inauguration de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture. Cette vaste opération culturelle, économique et urbaine est en train de changer le rapport de la ville et de ses habitants au temps et à l’espace. Depuis l’inauguration de la capitale culturelle, le 12 janvier 2013, Marseille découvre les charmes de la fête et de la vie nocturne, notamment à l’occasion des grandes manifestations d’art de rue dans l’espace public et en soirée, depuis la nuit festive de l’inauguration jusqu’au spectacle « Entre flammes et flots » par la compagnie Carabosse en mai dernier. De même, le rapport au temps change. Au temps condensé, tendu, contraint de la longue période des préparatifs (2008-2012, et surtout 2011-fin 2012) a succédé la sensation du « ici et maintenant » de l’année capitale. Viendra enfin le temps dilué de l’après-2013 et le temps comptable des bilans.